Voici le témoignage de l’arrestation et surtout du passage en cellule des manifestants arrétés pour avoir essayé de bloquer pacifiquement le carrefour Cortenberg et rue de la joyeuse entrée lors du blocage du sommet européen du 19 décembre dernier. Ceci n’est qu’un premier rassemblement de témoignages, il ne prétend pas être complet ni définitif. N’hésitez pas à nous faire parvenir vos témoignages.

« Après la dissolution du bloc de manifestants pacifiques, nous nous sommes presque tous retournés dans le parc. Nous étions pris au piège, des policiers en civil ou en uniformes nous traquaient dans le parc et avaient sans doute reçu l’ordre d’arrêter toutes les personnes qui le retraversaient. J’avais l’impression que nous étions du gibier sur un terrain de chasse.

Derrière moi, plusieurs policiers en civil frappaient à l’aide d’une branche, un garçon qui avait tenté de leur échapper. M’étant tordu le pied en sautant un muret, j’ai décidé de m’arrêter et de m’assoir tranquillement au sol. Des policiers sont passés et ne m’ont même pas vu. Un autre s’est approché de moi et a procédé à l’arrestation. Il m’a ensuite amenée prés des autres, compressés contre les murs par les boucliers des autres agents.

Un des manifestants faisait de la « résistance passive » il se laissait faire comme une poupée désarticulée, obligeant les policiers à le porter. Cela a fort énervé un commissaire de police bruxellois bien connu. Alors que l’homme était par terre et colçonné dans le dos, il l’a étranglé pendant plusieurs dizaine de secondes, devant des policiers qui regardaient ailleurs et des militants attachés qui criaient impuissants.

Un peu avant 15h, on nous ensuite fait monter dans le bus, direction les casernes d’Etterbeek.
Au départ nous étions environ 35 filles dans une cellule. Si nous voulions aller aux toilettes, on nous disait qu’il fallait attendre. La première information que nous avions reçu était qu’ils pourraient sans doute nous rendre notre liberté vers 22H, « le temps que le sommet se finissent et d’enregistrer tout le monde ». Ils nous ont pris toutes nos affaires et séparées en différentes cellules, celles-ci encore plus froides que la précédente. Ils avaient en effet coupé les chauffages. Dans certaines cellules, lorsque nous nous sommes plaints, les policiers ont coupé les lumières..

Les policiers passaient de temps autre, pour nous ignorer, nous insulter, ou nous faire des saluts nazis, la tête cagoulée. En effet, aux alentours de minuit, un policier gardant la caserne a déposé un téléphone portable devant les cellules 7 et 8. Un chant aux accents profondément nationalistes, me semble-il allemands, sortait de l’appareil. Le chant terminé, le policier venu ramasser son bien, salua les détenus d’un salut nazi. De nombreux camarades en sont témoins et attesteront de cet acte plus que scandaleux. De même, cet homme réitéra le geste devant la cellule des filles. Il reviendra plus tard, cagoule avec un brassard en papier aux couleurs du troisième reich. Bien que cet acte soit choquant en soi, ce qui me frappe le plus, ce sont les autres policiers ne réagissant pas, certains rigolaient ouvertement. Si un policier immisce des idées néonazies sans réaction réfractaire dans une caserne de police.

Encore une fois, lorsque nous demandions pour aller aux toilettes, on nous répondait qu’il n’y avait pas assez d’effectif dans la caserne pour le moment pour pouvoir assurer une surveillance aux toilettes. Après avoir réitérer la demande à plusieurs reprises avec des réponses toutes les plus irrespectueuses les unes que les autres (« Ta gueule salope »,…)  ils ont décidé que 22h30 était une belle heure pour nous emmener aux toilettes, un peu après qu’une d’entre nous ait été obligée de se soulager dans un coin de la cellule.

Nous avons aussi appris que le commissaire voulait nous garder plus longtemps que ^prévu et déciderait de nous relâcher après le dernier passage des transports en commun.
Pour passer le temps, nous discutions, chantions, jouions avec nos bouteilles d’eaux vides,…On allait pas se laisser impressionner !

Peu après minuit 30, ils appelèrent les premières d’entre nous pour nous libérer. J’étais la dernière dans la cellule, j’ai regagné le bus, vers une heure. Nous, les filles, avons été relâchées à Porte de Hall, en plein milieu de tout, après une heure trente du matin. Un peu plus tard, nous recevions des nouvelles des garçons ayant été libérés du coté de la place Flagey. »